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fraude à Bordeaux

FRAUDE EN BORDELAIS

Baptisée l’affaire Ferrer par les Douanes, la transformation frauduleuse de vrac languedocien en AOC de Bordeaux est limitée en volume, mais fructueuse en valeur : avec un cours multiplié par six en moyenne et une plus-value s’estimant en millions d’euros.

Armé d’une solide calculette, les procès-verbaux rédigés par les services bordelais des Douanes permettent de saisir l’ampleur de l’affaire Yanka Ferrer, la dirigeante du défunt négociant-commissionnaire Signes de Terres. Entre janvier 2012 et juin 2014, pas moins de 23 transports frauduleux ont été décortiqués par les douaniers. Opérateur sans chai, le négociant-commissionnaire a acheté sur cette période 4 232 hectolitres de vins languedociens. Ces volumes ont été transformés en appellations bordelaises lors du transport, par un jeu de passe-passe de Documents d'Accompagnement Electroniques, puis ont été revendus pour 3 millions d'euros à des négociants de Dordogne et Gironde. Ces derniers les revendant eux-mêmes à d’autres opérateurs locaux. Le tout donnant un air de ruissellement à ce vaste mécanisme de falsification de comptabilité matière.

            Sur les 2 362 hl de lots frauduleux qui ont pu être complètement tracés par les Douanes*, le prix d’achat global s’élève à 247 540 euros, quand le cours de vente a dégagé 1,4 million €. Rien que sur cet échantillon, le bénéfice de la contrefaçon grimpe donc à 1,2 million d’euros. Avec un prix d’achat moyen de 106 euros l’hectolitre languedocien et un cours de revente bordelais s’élevant à 607 €/hl, Signes de Terres multipliait par six la valeur de ces produits. Selon les lots passés en revue par les douaniers*, cette plus-value allait de +34 % pour un vin de France transformé en Bordeaux supérieur 2013 à une multiplication par 20 pour un lot de vin rouge se faisant passer pour en Saint-Juilien 2011. En passant par un coefficient x15 pour un vin rouge devenu Pauillac 2011, x10 pour un vin de France 2011 transformé en Pauillac 2010, x8 pour un vin de France 2011 devenu Margaux 2010…

            Sous couvert d’anonymat : « La malice est d’avoir vendu au prix du marché. Quand on vous propose une Rolex neuve à moins de 100 €, vous vous posez la question de son authenticité, mais quand on vous la propose au prix de la boutique officielle, vous vous méfiez moins… » se justifie, penaud et sous couvert d’anonymat, un négociant girondin. Son entreprise conserve sous scellés un lot délictueux : « une perte sèche, subie de bonne foi » précise l’opérateur bordelais, qui annonce qu'il se portera partie civile aux côtés de la quarantaine de négociants qui auraient été victimes de la fraude. « Il n’y a eu aucun enrichissement des fournisseurs et revendeurs. Seul l’intermédiaire a agi comme un voyou pour son propre compte » croit dur comme fer un opérateur languedocien, également sous couvert d’anonymat. « J’étais très fier de fournir Signes de Terres pour faire connaître les vins méridionaux aux marchés asiatiques… Mais ce n’était pas le cas » regrette-t-il, encore secoué par la convocation surprise des Douanes bordelaises. Réalisée dans les prix du marché, cette usurpation s'inscrit aussi dans les goûts des consommateurs. Les experts judiciaires mandatés pour déguster les vins délictueux ont en effet jugé que les vins étaient gustativement conformes aux appellations revendiquées. Les assemblages étant constitués de cépages bordelais, avec des élevages sous tonneaux bois.

            En cours d’instruction au Tribunal de Grande Instance de Libourne, le dossier Signes de Terres pose la question des responsabilités. Dans chaque cas, le dossier des Douanes souligne à de multiples reprises que « lors de son audition, Yanka Ferrer ne donne aucune explication concernant le changement de qualité du vin, alors qu’elle a assuré toute la logistique transport et que c’est sur ses indications que les documents ont été remplis, [et qu’elle] ne se considère pas responsable des mentions figurant sur les titres de mouvement établis par l’expéditeur initial du vin et le destinataire final du vin ». 

* : Ayant demandé un minutieux travail de fourmi, l’enquête des Douanes n’a pu se baser que sur les factures et traçabilité des fournisseurs, transporteurs et clients du négociant-commissionaire. Yanka Ferrer ayant déclaré le vol des archives de Signes de Terres le 29 juillet 2014. (source Vitisphère)

 

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